Qu’est-ce que les heures de délégation ?
Les membres titulaires du CSE bénéficient d’un crédit d’heures pour exercer leur mission de représentation du personnel. Le nombre varie en fonction des effectifs de l’entreprise ou de l’établissement (Art. R. 2314-1 du Code du travail). Il ne peut être inférieur à 10 heures par mois dans les entreprises de moins de 50 salariés, et 16 heures dans les entreprises de plus de 50 salariés. Le protocole d’accord préélectoral peut prévoir un volume d’heures plus élevé que la loi.
A quel moment ce crédit d’heures peut-il être pris ?
La réponse est… quand vous voulez ! En effet, c’est vous qui décidez du moment où vous voudrez prendre vos heures de délégation (journée, demi-journée, heure, ou fraction d’heure). Vous pouvez également les prendre en dehors du temps de travail (Cass. Soc. 28 Février 1989 n°85-45-388), mais uniquement si cela est nécessaire (par exemple en cas de travail de nuit : Cass. soc., 11 juin 2008, no 07-40.823).
En principe, l’employeur ne peut pas vous empêcher de les prendre quand vous le voulez et exiger que vous les preniez à tel ou tel moment dans le mois ou dans la semaine. Il doit en effet tenir compte de ces heures pour fixer votre charge de travail.
Il n’y a pas de base légale mais plusieurs arrêts de la chambre criminelle de la Cour de cassation ont confirmé que la sanction au motif qu’un délégué s’est absenté sans agrément de l’employeur est constitutif d’un délit d’entrave (Arrêt du 10 mars 1981 n° 80-91.570).
Dans certaines entreprises, il est demandé à l’élu d’informer au préalable son supérieur hiérarchique avant d’en prendre. Cette pratique est licite dès lors qu’elle a été mise en place après concertation avec les délégués du personnel (chambre criminelle de la Cour de cassation du 10 janvier 1989 n°87-80.048) et pour autant qu’elle ne vous empêche pas systématiquement d’utiliser votre crédit d’heures quand vous en avez besoin.
L’employeur peut mettre en place un système de bon de délégation, qui lui permet d’être informé avant que le représentant du personnel utilise son crédit d’heures et de décompter les heures de délégation qui sont prises au cours du mois. Mais il s’agit seulement d’une information : l’employeur ne peut s’y opposer, n’y juger de l’opportunité de l’utilisation des heures. Le système doit, tout au plus, imposer le respect d’un délai de prévenance avant la prise des heures qui permettra à l’employeur d’adopter les mesures rendues nécessaires par le remplacement de l’élu. Encore une fois, ce système doit avoir été mis en place qu’après concertation avec le CSE. S’il n’y a pas eu de concertation, il s’agit d’un délit d’entrave.
En outre, le bon de délégation doit seulement définir le nom et prénom du salarié de l’élu, le mandat exercé (titulaire ou suppléant), la date et l’heure de départ prévue, l’heure de fin de mission (présumée), et éventuellement si les heures sont utilisées au sein de l’entreprise ou en dehors en cas de déplacement. Le motif n’a pas à être précisé (Cass. Crim. 12 avril 1988, n°87-84148).
En résumé, l’employeur ne peut pas vous empêcher de prendre vos heures de délégation à un moment donné. L’employeur peut toutefois mettre en place un système d’information au préalable justifié par les strictes nécessités du service mais uniquement après concertation du CSE. Ce système doit également rester compatible avec les exigences du mandat.