Les photos et vidéos donnent la nausée : des chiens agonisants, pendus à des arbres ; d’autres déchiquetés titubant sur leurs pattes, certains jetés dans des puits, brûlés, mutilés… Tel est le destin, en Espagne, de milliers de galgos, ces lévriers employés pour la chasse au lièvre, victimes d’une terrible tradition qui a la vie dure. Malheur au chien qui déçoit son maître ! Il sera puni à hauteur de sa «défaillance», une course trop lente, par exemple, laissant filer un lièvre et déshonorant son propriétaire. L’imagination est alors sans limite pour le maître en colère.
Cette coutume ancestrale reste peu connue en France, à l’exception des défenseurs de la cause animale qui pour certains en ont fait un combat. C’est le cas de Guy Dedieu, président de l’association «Galgos sans famille». Depuis une vingtaine d’années, et six ans à la tête de l’association, cet habitant de Trébons-sur la Grasse sauve ces chiens.
Régulièrement, il se rend en Espagne et recueille des galgos grâce à un réseau de refuges partenaires. Soignés, les chiens sont ensuite ramenés en France. Faisant appel à la générosité de chacun, il les place alors dans une famille… inoffensive. En six ans, plus de six cents chiens ont ainsi été extraits de l’horreur.
Plus de 30 000 tortures par an
Mais Guy Dedieu compte bien aller plus loin : «Aujourd’hui notre mission est de sauver tout ce qu’on peut. On le fait dans les règles. Tout est contrôlé par les services vétérinaires. La sortie de territoire l’est également. Nous menons ensuite une enquête sévère pour répondre, ou pas, aux demandes. En Espagne, une loi interdit depuis peu d’entraîner ces chiens en les accrochant derrière les voitures. Mais notre combat doit s’intensifier. On voit trop de choses terribles, insupportables.»
C’est une vérité. Car si les galgos hébergés sous le toit de Guy Dedieu ont aujourd’hui une vie paisible et plein d’amour, cela n’a pas toujours été le cas. Vulcane, a été sauvée, suffoquant, pendue à une corde. Aïka, a été brûlée à plusieurs endroits par des mégots de cigarettes, sa patte a été brisée et sa tête fendue. Elle en porte encore les stigmates. Zaz, enfermée dans une minuscule cage et enchaînée, ne servait qu’à la reproduction, Elle allait être tuée. Flyer, nourrit exclusivement à l’huile de friture, a fini par ne plus pouvoir lutter, malgré les soins. Son nom sera donné à un refuge encore à l’état de projet mais qui intéresse le maire de la ville.
En attendant, en Espagne, le massacre continue. Les chiffres, bien qu’en baisse, effraient toujours. Entre 30 000 et 40 000 galgos sucoomberaient, chaque année, à la folie et là la cruauté des chasseurs espagnols.
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Galgos : une vie de chien pendue à un fil
La chasse aux lapins et lièvres avec lévriers est interdite en France depuis 1 844. Mais L’Union européenne l’autorise encore en Espagne où elle reste une tradition. Bien entendu, porter un jugement sur les coutumes d’un autre pays que le sien peut être déplacé, quand bien même celles-ci peuvent paraître incomprises, étranges, voire cruelles. Mais lorsqu’elles sombrent dans la folie, il est difficile d’y rester insensible. La triste vie des galgos en est un exemple.
En Espagne, le galgo, comme son proche cousin le podenco, n’est pas reconnu comme animal de compagnie mais comme outil de travail. Le chasseur peut le maltraiter comme il le désire en toute impunité. D’où des scènes choquantes où l’on voit des chiens aux yeux arrachés, brûlés, traînés derrière des autos et victimes d’autres sévices inimaginables… Cette barbarie est la triste évolution d’une coutume ancestrale. «Par le passé, des meutes de galgos représentaient pour le chausseur un coût qu’il ne pouvait assumer après la saison. C’est pourquoi les chiens étaient livrés à eux-mêmes, ou abattus. De nos jours, la tradition a pris une autre dimension particulièrement cruelle. Le lévrier est tout au long de sa courte vie mal nourri et maltraité pour soi-disant stimuler sa motivation derrière le lièvre. Il est de coutume ensuite de le «remercier» à l’âge de deux ou trois ans. S’il a bien chassé, sa mort est rapide. Dans le cas contraire, afin de laver l’honneur du Galguero, il est torturé. Plus il souffre meilleur sera le prochain galgo !», explique Guy Dedieu, président de l’association «Galgos sans famille».
La question demeure donc : ces coutumes s’arrêteront elle un jour ? Nul ne peut le prédire. En revanche, les associations se multiplient pour alerter sur ces actes. L’Association pour le sauvetage et l’adoption des lévriers espagnols, Lévriers du sud, GALGOS, Groupe d’aide aux lévriers galgos odieusement sacrifiés, Ma Vie de Galgo, pour ne citer qu’elles, mais aussi des médias scientifiques, ou spécialisés dans les animaux ont entamé le même le combat que celui mené depuis 6 ans l’association haut garonnaise. L’Espagne, de son côté, a commencé à réagir pour protéger ces chiens. Mais la chasse est toujours autorisée. Et la vie des galgos encore et toujours pendue à un fil.
E.H
Interview Jean-Philippe PASCAL, Président de GALGOS (Groupement d’Aide aux Lévriers Galgos Odieusement Sacrifiés). »